Yach - Chapitre 18 - Ne jamais renoncer

La louve s’affola en voyant arriver Yach. Elle était allongée sur le flanc, une patte emprisonnée dans un piège. Elle gémissait de douleur. Yach était attristé devant un tel spectacle et était animé des intentions les meilleures et les plus pures. Cependant la louve grogna lorsque Yach s’approcha, elle avait peur de cet inconnu. Elle était vulnérable. Yach regarda l’étrange piège qui l’avait emprisonnée.
— Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-il à la louve.
Elle ne lui répondit point, mais il ressentit ses émotions. Elle était résignée, elle avait compris qu’elle allait mourir, elle ne pouvait extirper sa patte de ces mâchoires de métal. Elle était condamnée à rester ici et à mourir de faim.
— Non, non, pas t’inquiéter. On va trouver solution.
La louve soupira, elle ne s’attendait pas à ce que l’inconnu inquiétant cherche une solution pour l’aider, mais elle avait gagné un peu de répit. Au moins, il n’allait pas profiter de son handicap pour l’achever. Certes elle allait mourir, mais le plus tard était le mieux. Yach se pencha pour observer ce qui retenait sa patte. La louve montra les dents, elle aurait préféré qu’il garde ses distances, mais elle ne pouvait pas lutter, et il ne semblait pas agressif, alors elle le laissa approcher. Yach se rappela avoir déjà vu ces mâchoires de fer, au village des humains, dans la maison de Vladimir, l’aubergiste. La première fois qu’il les avait vues, elles étaient grandes ouvertes, et lorsque Yach avait voulu les toucher, Vladimir l’avait sévèrement réprimandé, il avait glissé un bâton au milieu des mâchoires et elles s’étaient violemment refermées sur le bâton avec un bruit sec. A présent, il ne savait quoi faire, les mâchoires étaient dangereuses et il n’avait pas le droit de les approcher. Il regarda la louve. Son corps était fin et musclé, ses yeux tendres, ses joues creuses, sa tête reposait sur le côté, elle le regardait avec inquiétude, mais bonté. Derrière la peur, Yach décelait une grande âme sincère qui aimait la vie. Yach se prit d’affection pour ce pauvre animal. Elle souffrait mais ne se plaignait pas, elle le contemplait et lui rendait son regard résigné. Il n’y avait rien à faire, c’était son destin, il n’y avait pas à se plaindre. Yach surmonta sa peur et saisit les mâchoires. Il tenta de les écarter, mais elles résistaient. Il abandonna. La louve eut une moue dubitative à son attention, elle appréciait son désir de l’aider, mais ses tentatives étaient vouées à l’échec, elle le savait. Yach refusait de se résigner, il n’allait pas la laisser mourir. Il se rappela les mâchoires chez Vladimir, elles étaient espacées, ouvertes. Celles-ci devaient sûrement s’ouvrir aussi, pour qu’un bâton ou une patte puisse se glisser à l’intérieur. Yach serra les dents et grogna, il empoigna à nouveau les mâchoires et tira des toutes ses forces. Les mâchoires cédèrent et s’ouvrirent. La louve observait, stupéfaite, la douleur sur sa patte avait diminué d’intensité, elle replia la patte qui sortit du piège. Yach lâcha ses prises, le piège se referma avec un claquement fracassant qui les fit sursauter tous les deux. Ils se regardèrent, aussi surpris l’un que l’autre de voir la patte en dehors du piège. C’était bien cela, la louve était libérée. Yach éclata de rire, la louve ne fut pas aussi prompte, elle avait du mal à réaliser que c’était bien vrai, l’étranger l’avait sauvée. Quand elle réalisa, elle hurla sa joie. Yach tendit les bras vers elle. Elle s’approcha sur trois pattes, en boitant, mais libre et heureuse, elle frotta sa tête sur les jambes de son sauveur, Yach caressa son pelage soyeux et la serra contre lui. Il s’assit en tailleur. Elle se lova entre ses jambes et laissa reposer sa tête dans ses bras. Ils étaient heureux, ils avaient vaincu un destin tragique.

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