Yach - Chapitre 16 - Watiba

Quoi de plus angoissant pour Yach que se retrouver à nouveau face à face avec le lapin qu’il avait dévoré plusieurs jours auparavant. Yach était tétanisé. Il n’osait faire le moindre mouvement. Le lapin le regarda d’un air amusé.
— N’aie pas peur, suis-moi.
Yach ne remua pas un cheveu. Il n’osait bouger.
— Allons, ne fais pas l’enfant, tu ne vas pas faire demi-tour maintenant que tu arrives au bout de ta quête. Suis-moi.
— Je t’ai mangé, bafouilla Yach.
— Je suis Xodus, le serviteur et l’œuvre de Watiba. Penses-tu être assez fort pour détruire ce que Watiba a créé ? Allons viens.
La scène était si inattendue que Yach perdait tous ses repères, s’enfuir, avancer, reculer, il était incapable de prendre une décision. Il se laissa mener sans réussir à refuser. Le lapin s’enfonça dans un dédale de chemins où il s’orienta sans hésitation. Alors qu’ils marchaient droit depuis de longues minutes, la lumière, d’abord tamisée, se fit de plus en plus éblouissante, jusqu’à ce que Yach put distinguer, loin devant, une vieille femme assise dans la position du lotus. Elle brillait de reflets dorés. Elle n’était pas assise sur le sol, mais au-dessus du sol, elle lévitait à environ 30 centimètres de hauteur. Son visage était ridé et ses yeux profonds étaient fixes. Une grande sérénité l’habitait. Elle prit la parole la première, posément :
— Soit le Bienvenu Yach, je t’attendais.
Yach était intimidé, il avait fait tant d’efforts pour en arriver là, qu’il en perdait ses moyens. Que voulait-il lui demander déjà ?
— Heu, bonjour, je, heu, Anton m’a dit que vous pouvez enlever le mauvais sort.
— Et pourquoi veux-tu quitter ta condition ? Es-tu certain que ce soit une bonne chose ? Est-ce vraiment ce que tu veux ?
— Plus jamais faire mal à personne, affirma avec détermination Yach. Il était certain de sa décision, sous aucun prétexte il ne ferait machine arrière.
— Ce n’est pas aussi simple qu’il y parait Yach, tu dois choisir ton destin. Si tu veux vraiment que le sort qui t’habite disparaisse, si tu veux définitivement rejoindre le monde des humains, n’oublie pas que tu deviendras un humain avec tout ce que cela comporte de faiblesse, tu seras sujet à la maladie, la vieillesse et finalement la mort, qui te fera perdre tous ceux que tu aimes. Si tu choisis la force, la puissance, l’invincibilité, tu demeureras à jamais un loup-garou, tu seras certes toujours une menace pour les inconnus, mais tu vivras éternellement et sans aucune souffrance. La souffrance ne s’abattra que sur ceux qui croiseront ta route, toujours elle t’épargnera.
La proposition était tentante, mais Yach n’hésita pas un instant. Comment pourrait-il continuer à vivre en dévorant ses amis ? Il serait un homme, même s’il devait en mourir. Watiba eut un rire moqueur :
— Tu choisis le camp des faibles Yach, ça ne m’étonne pas de toi, j’avais prévenu le Grand Esprit que tu n’étais pas encore à la hauteur. Il te reste beaucoup de choses à apprendre. Va, suis ta route, mais n’oublie pas que ta place est ici. Tu reviendras ici. Le soleil, source de vie, rechigne à te laisser partir, mais les mauvais esprits qui peuplent la lune t’ont choisi, toi et toi seul, pour les représenter sur la Terre. Tu veux devenir un homme faible, soumis à tous les vents, aux maladies, aux sept pêchés capitaux ? Soit, alors prends la direction du soleil, ta route croisera celle de l’enchanteur. Lui seul peut rompre le sortilège.

Chapitre 17 - Rencontre inattendue

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