Quoi de plus angoissant pour Yach
que se retrouver à nouveau face à face avec le lapin qu’il avait
dévoré plusieurs jours auparavant. Yach était tétanisé. Il
n’osait faire le moindre mouvement. Le lapin le regarda d’un air
amusé.
— N’aie pas peur, suis-moi.
Yach ne remua pas un cheveu. Il
n’osait bouger.
— Allons, ne fais pas
l’enfant, tu ne vas pas faire demi-tour maintenant que tu arrives
au bout de ta quête. Suis-moi.
— Je t’ai mangé, bafouilla
Yach.
— Je suis Xodus, le serviteur
et l’œuvre de Watiba. Penses-tu être assez fort pour détruire ce
que Watiba a créé ? Allons viens.
La scène était si inattendue que
Yach perdait tous ses repères, s’enfuir, avancer, reculer, il
était incapable de prendre une décision. Il se laissa mener sans
réussir à refuser. Le lapin s’enfonça dans un dédale de chemins
où il s’orienta sans hésitation. Alors qu’ils marchaient droit
depuis de longues minutes, la lumière, d’abord tamisée, se fit de
plus en plus éblouissante, jusqu’à ce que Yach put distinguer,
loin devant, une vieille femme assise dans la position du lotus. Elle
brillait de reflets dorés. Elle n’était pas assise sur le sol,
mais au-dessus du sol, elle lévitait à environ 30 centimètres de
hauteur. Son visage était ridé et ses yeux profonds étaient fixes.
Une grande sérénité l’habitait. Elle prit la parole la première,
posément :
— Soit le Bienvenu Yach, je
t’attendais.
Yach était intimidé, il avait fait
tant d’efforts pour en arriver là, qu’il en perdait ses moyens.
Que voulait-il lui demander déjà ?
— Heu, bonjour, je, heu,
Anton m’a dit que vous pouvez enlever le mauvais sort.
— Et pourquoi veux-tu quitter
ta condition ? Es-tu certain que ce soit une bonne chose ?
Est-ce vraiment ce que tu veux ?
— Plus jamais faire mal à
personne, affirma avec détermination Yach. Il était certain de sa
décision, sous aucun prétexte il ne ferait machine arrière.
— Ce n’est pas aussi simple
qu’il y parait Yach, tu dois choisir ton destin.
Si tu veux vraiment que le sort qui t’habite disparaisse, si tu
veux définitivement rejoindre le monde des humains, n’oublie pas
que tu deviendras un humain avec tout ce que cela comporte de
faiblesse, tu seras sujet à la maladie, la vieillesse et finalement
la mort, qui te fera perdre tous ceux que tu aimes. Si tu choisis la
force, la puissance, l’invincibilité, tu demeureras à jamais un
loup-garou, tu seras certes toujours une menace pour les inconnus,
mais tu vivras éternellement et sans aucune souffrance. La
souffrance ne s’abattra que sur ceux qui croiseront ta route,
toujours elle t’épargnera.
La proposition était tentante, mais
Yach n’hésita pas un instant. Comment pourrait-il continuer à
vivre en dévorant ses amis ? Il serait un homme, même s’il
devait en mourir. Watiba eut un rire moqueur :
— Tu choisis le camp des
faibles Yach, ça ne m’étonne pas de toi, j’avais prévenu le
Grand Esprit que tu n’étais pas encore à la hauteur. Il te reste
beaucoup de choses à apprendre. Va, suis ta route, mais n’oublie
pas que ta place est ici. Tu reviendras ici. Le soleil, source de
vie, rechigne à te laisser partir, mais les mauvais esprits qui
peuplent la lune t’ont choisi, toi et toi seul, pour les
représenter sur la Terre. Tu veux devenir un homme faible, soumis à
tous les vents, aux maladies, aux sept pêchés capitaux ? Soit,
alors prends la direction du soleil, ta route croisera celle de
l’enchanteur. Lui seul peut rompre le sortilège.
Chapitre 17 - Rencontre inattendue
Chapitre 17 - Rencontre inattendue
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